Pendant mon BTS, nous avons dû faire un stage de six semaines afin de valider notre première année. J'ai fait le mien à l'association des Paralysés de France (APF), une association qui aide les personnes en situation de handicap. J'y ai rencontré un ingénieur, bénévole, qui m'a confié un projet. Dans l'association, il y avait un homme appelé Manuel, qui ne pouvait pas parler du tout. Afin de communiquer avec nous, il avait une feuille plastifiée avec des mots communs. Il pouvait bouger sa main pour nous montrer des mots sur cette feuille et c’était son seul moyen de communiquer avec nous. En voyant comme il était compliqué de communiquer pour lui comme pour nous, l'idée du projet était née. Je devais créer un système embarqué qu'il fixerait sur son fauteuil roulant afin de pouvoir communiquer avec nous de manière plus confortable et efficace.

Pour ce faire, j'ai acheté une carte Arduino programmable, avec un petit écran. Manuel ne pouvait bouger que les mains, alors, pour qu'il puisse interagir avec le système, j'ai acheté un gros bouton facile à appuyer. Je travaillais sur ce projet avec l'ingénieur qui me l'a confié. Notre première idée était d’afficher à l’écran les lettres les plus utilisées en de la langue française, qui sont "ESARIN", puis Manuel pourrait en choisir une et une liste de mots apparaîtrait un par un à l’écran. Nous n'avons pas choisi cette solution car beaucoup de mots auraient été indisponibles. Nous avons également pensé à un pad multidirectionnel pour rendre le choix plus rapide, mais cela aurait été trop compliqué pour Manuel.

En fin de compte, la solution que nous avons choisie était d’afficher la moitié de l’alphabet à l’écran, d’attendre cinq secondes et d'afficher ensuite l’autre moitié pour la même durée, et ainsi de suite. A chaque pression sur un bouton, le demi-alphabet serait de nouveau coupé en deux, puis à nouveau, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une lettre. Lorsque c’était le cas, les mots les plus couramments utilisés par Manuel et commençant par la lettre sélectionnée apparaissaient à l’écran. Il pouvait ensuite en choisir un, puis tout le processus recommençait de nouveau.

Malheureusement, six semaines passent très vite. Le projet fonctionnait en tant que prototype, avec des éléments non soudés et toujours alimentés par un ordinateur et non par une batterie externe. Je n'ai pas pu tester avec Manuel si cela lui convenait. J'espère vraiment que quelqu'un a pris un peu de temps pour terminer le projet après mon départ.